Katherine et Nitmiluk National Park

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De la peau de kangourou.

De la peau de kangourou.

On se réveille un peu tôt aujourd’hui, et du coup on avance un peu le blog. Sylvain tape un peu l’article du 27 tandis que Yohann vide intégralement son sac à la recherche d’une araignée qu’il pense avoir importé depuis Darwin. Il faut dire que niveau insectes, on est servis avec un superbe cafard au réveil, comme on n’en fait que dans les pays tropicaux. Une petite douche, il est 8h et on va faire un tour en ville, et le super, que dis-je, méga-hyper-marché (un équivalent de Champion quoi) est déjà ouvert. On va faire quelques courses qui nous permettront de nous sustenter ce matin, ce midi et demain matin. Beaucoup de fruits et légumes dans ce magasin, dont beaucoup de fruits exotiques pour nous (des litchees poilus, des « dragon fruits » qu’on n’a jamais vu, etc…) Il y a pas mal d’aborigènes qui errent dans les environs mais on en reparlera plus tard dans ce billet.

On boit un petit coup de jus de fruit fraîchement acheté, assorti de quelques gâteaux, le tout dans la voiture (la clim, toujours la clim) et hop, on se dirige vers la « Katherine School of Air ». C’est un endroit incroyable, la deuxième plus grande classe du monde, sur plus de 800 000 km². C’est d’ici qu’on donne des cours à distance, par le net et par la radio, à 250 élèves disséminés sur les territoires du nord. Quelques fois dans l’année seulement, les élèves se retrouvent ensemble avec les professeurs. Le reste du temps, les leçons sont prises par l’intermédiaire du micro. La visite s’avère intéressante avec une leçon vécue en live, sauf que (et oui encore une fois sauf que) les visites ne démarrent qu’à la mi-mars. Il est possible que ce soit tout simplement… la fin des vacances d’été. En tout cas, on peste après les guides qui ne mettent nulle part que l’école est fermée à cette époque, alors que c’est écrit en toutes lettres à l’entrée. Ce n’est pas la première fois que les guides nous déçoivent. Il semble qu’ils fassent les visites à la meilleure saison, ce qui peut se comprendre, mais ils ne prennent absolument pas en compte la mauvaise saison… Et quand on les achète, même si on n’est pas à la bonne saison, on est en droit d’attendre un minimum.

Une famille aborigène.

Une famille aborigène.

On veut aller au cybercafé mais il n’ouvre qu’à 10h. En attendant, on va faire deux magasins pour trouver des souvenirs. Un magasin est vraiment nul, mais l’autre en revanche est sympa. C’est un magasin pour cow boys. Comme nous on est des cow boys, on se doit d’y aller. On discute pas mal avec la petite dame qui nous montre une peau de kangourou. Elle nous explique qu’on peut tanner toutes les peaux, et nous montre une ceinture en crapaud. On achète deux chapeaux (dont un en cuir de kangourou pour Yohann), on va voir son mari en train de bricoler une selle de cheval. Elle nous explique que cette année, la saison humide est inhabituellement sèche et que contrairement à l’impression que l’on peut avoir, le coin était beaucoup plus vert les années précédentes.

On ressort et comme on a 15-20 minutes à tuer avant le cybercafé, on en profite pour s’asseoir sur un banc et filmer les gens qui passent dans la rue. Il est grand temps de parler des aborigènes. Nos sentiments sont très bizarres à leur égard. Avertissement : dans tout ce qui va suivre à propos des aborigènes il n’y a pas de vanne, c’est simplement ce que l’on pense ; sans méchanceté aucune… Tout d’abord, les aborigènes sont extrêmement laids. Ils ont des traits très caractéristiques avec d’énormes nez épatés, des yeux très enfoncés dans leurs orbites, des sourcils proéminents et des cheveux bizarres, et tout ça dès le plus jeune âge (c’est pourtant rare de voir des bébés moches, et ben pas ici).

Un aborigène, perdu sur un terre-plein central.

Un aborigène, perdu sur un terre-plein central.

Ils ont un faciès proche des représentations que l’on a de l’homme de Néanderthal. Leurs visages sont très marqués, très typés et très rares sont ceux qui répondent à nos critères de « beauté ». Ensuite, il y en a partout dans les rues, soit assis ou allongés sur des bancs, dans l’herbe, etc., soit en train de marcher lentement, sans jamais rien porter et en donnant l’impression qu’ils errent sans but. Le moindre banc, abri bus, coin de pelouse à l’ombre accueille deux, trois, cinq, dix aborigènes qui ne font rien. De plus, ils parlent extrêmement fort et n’hésitent pas à s’interpeler à 100 m de distance. Vraiment sans rire, lorsqu’on les voit se déplacer on a l’impression d’être dans un remake de la nuit des morts-vivants. Ils se déplacent de la même manière et semblent n’aller nulle part. Par ailleurs (et on écrit cet article le 2 mars au soir à Alice Springs), on n’a encore jamais rencontré d’aborigène qui travaille (sauf peut-être Jamie – que vous rencontrerez tout à l’heure – mais il n’a pas du tout les caractéristiques d’un aborigène et on n’est pas sûr du tout qu’il en soit un). D’ailleurs le petit futé nous apprend que le taux de chômage des aborigènes est trois fois supérieur à celui des blancs, qu’il y a un fort taux d’alcoolémie, que leurs conditions de vie sont très précaires et que leur espérance de vie est de 52 ans contre 72 pour les australiens. En résumé, se promener dans une petite ville de l’outback donne l’impression d’errer dans une ville bondée de SDF. Notre culture bourgeoise nous fait naturellement nous méfier d’eux alors qu’en réalité, les quelques contacts qu’on a pu avoir avec eux (succincts, lorsqu’on se croise à l’entrée d’un magasin et qu’on se tient la porte mutuellement par exemple) les ont montrés comme des gens polis et normaux. À noter que les guides semblent dire que nombre d’entre eux ont choisi ce mode de vie. En tout cas, les voir dans la rue nous a fait naître un sentiment de malaise, notamment pour eux ; c’est quand même sur leurs terres que nous sommes.

Signalisation d'un passage piéton.

Signalisation d’un passage piéton.


Dans la rue, les hauts-parleurs de la municipalité diffusent un programme musical grandement basé sur les succès d’Elvis. La ville a beau être petite (11 000 habitants), il semble tout y avoir ici : un journal local, une court de justice, … Il est déjà 10h et on va au cyber-café. Il s’agit du Didj’ Café.

Le Didj' caf.

Le Didj’ caf.

C’est une boutique de didjeridoos qui propose également plusieurs ordinateurs reliés à Internet. Il a un câble pour pouvoir utiliser notre portable. Chouette on va gagner du temps. Malheureusement, les problèmes s’accumulent et le gérant ne semble pas savoir dire autre chose que « ça marche : c’est automatique ». Donc on se rabat sur ses machines et au final on y passe presque deux heures. On part ensuite faire le plein. La pompe ne semble pas démarrer toute seule, donc Yohann se dirige vers la caisse pour donner une avance sur le plein, à la mode américaine. En fait il suffisait simplement d’être plus patient : ici on paye une fois la livraison terminée, comme chez nous.

Le visitor center de Nitmiluk.

Le visitor center de Nitmiluk.

Avec un peu de retard, on part enfin vers Nitmiluk, le parc national de Katherine, où l’on va pouvoir admirer de magnifiques gorges creusées par la Katherine river. Ce n’est pour une fois pas très loin, tout juste une petite trentaine de kilomètres. Le visitor center, à l’entrée du parc est cette fois largement digne de ce nom, avec une exposition relatant l’histoire géologique du parc. Pour visiter les gorges, deux options s’offrent à nous. On peut emprunter plusieurs sentiers de randonnée pour atteindre plusieurs points de vue sur les gorges, ou bien tout simplement les visiter en bateau. La première option demandant au moins 2h de marche pour se rendre au premier point d’intérêt, on opte pour la seconde, nous disant que les gorges seront de toutes façons plus belles vues depuis le niveau de l’eau. Le départ est à 15h30, et il est midi et demie environ, donc on en profite pour manger un peu, et surfer sur Internet puisque le visitor center met gracieusement à notre disposition une connexion wifi. L’heure de l’embarquement approche relativement vite. On retourne à la voiture déposer l’ordinateur et on croise devant l’entrée du visitor center, à notre grand étonnement, un petit kangourou. Il nous fait la gentillesse de rester près de nous quelques minutes avant de déguerpir en quelques bonds.

Un petit kangourou.

Un petit kangourou.


Le même un peu plus loin.

Le même un peu plus loin.


Le début de la croisière dans les gorges.

Le début de la croisière dans les gorges.

La petite croisière en bateau commence. Nous sommes relativement nombreux à bords puisqu’un groupe de touristes d’un voyage organisé vient de nous rejoindre. Ils ont emmené avec eux leurs deux traducteurs : une bonne grosse allemande typique et un français (pas maigre non plus), qui s’appelle… Yohann. Chouette, ça va nous reposer ! Cela étant, le guide, Jamie, parle très bien anglais, sans trop d’accent et avec une bonne sono, ce qui n’a rien à voir avec la veille.

La portion à pied. Sylvain s'y cache…

La portion à pied. Sylvain s’y cache…


La rivière Katherine.

La rivière Katherine.

La remontée des gorges s’effectue en deux étapes. En effet, à mi-chemin plusieurs rochers et arbres barrent la route. Il faut donc débarquer et suivre un petit chemin conduisant à un autre bateau. Cela nous prend environ 10 minutes. C’est assez agréable puisque cela nous permet de voir de près les berges que l’on pouvait apercevoir depuis le bateau. On passe sur une petite plage de sable rouge (Yohann en prélèvera quelques grammes) sur laquelle sont disposés des tapis en caoutchouc pour nous faciliter la marche. D’ailleurs, ces petites plages servent également de lieu de nidification pour les crocodiles (mais ce n’est pas la saison).

Les gorges Nitmiluk.

Les gorges Nitmiluk.

Le deuxième bateau nous emmène dans la partie la plus spectaculaire des gorges : la rivière est bordée par des falaises de plusieurs dizaines de mètres de haut, sur lesquelles s’accroche la végétation. Le paysage nous rappelle beaucoup le parc national de Zion dans l’Utah, mais à une échelle différente bien-sûr. Ici, les parois sont moins élevées et la rivière est plus large, ce qui donne au final quelque chose de moins encaissé.

Un peu plus loin dans les gorges.

Un peu plus loin dans les gorges.

Au loin, la rivière forme un coude. Lorsque le bateau y arrive, on nous explique que c’est ici que vit le serpent arc-en-ciel si cher à la culture aborigène. Le guide coupe le moteur et tout le monde comprend qu’il est temps de se taire et d’apprécier le silence du lieu. On entend le clapotis de l’eau sur les parois rocheuses ; quelques oiseaux au loin et deux anglaises que la situation fait rire. A part elles, le silence est incroyable, c’est quelque chose qu’on n’a pratiquement jamais chez nous dans la mesure où on entend toujours au loin un moteur par exemple. C’est un moment, un peu magique, et en tout cas très étonnant.

On repart un peu plus loin, et nous discutons un peu avec le traducteur français. Il est jeune (environ 25 ans) et a une bonne tête d’américain : grand, gros, blond, lunettes de soleil noires invariablement vissées sur les yeux.

Ces gorges sont profondes !

Ces gorges sont profondes !


L'endroit où on a fait le silence.

L’endroit où on a fait le silence.

Il nous explique qu’il parcourt l’Australie depuis huit mois pour ce tour operator en remplacement d’un autre traducteur temporairement non disponible. Il a l’air complètement blasé de tout ce qu’il voit et de s’ennuyer profondément (il faut dire qu’il fait un tour de 32 jours et que, comme il dit, il échange un groupe de vieux contre un autre à l’arrivée). Il nous donne quelques indications hasardeuses sur la météo de ces derniers jours (il met en doute l’affirmation de la vendeuse de ce matin concernant la petite saison des pluies de cette année, prétend avoir dû déplacer des troncs d’arbres dans les floodways de Kakadu la veille – nous y étions, et rien de tel pour nous – etc.). Néanmoins, il nous montre au retour des dessins aborigènes peints à même la paroi. Ces derniers sont un peu loin pour que l’on puisse bien les voir, mais on a apprécié tout de même.

Jamie Garcia.

Jamie Garcia.


Les gorges.

Les gorges.

Pendant ce temps, nos deux anglaises se sont endormies, et Sylvain en filme une qui nous amuse particulièrement. Sa tête va et vient avec une forte amplitude et nous sommes surpris que cela ne la réveille pas. Le capitaine Jamie (le frère jumeau de José Garcia) est gentil car il continue à naviguer près des endroits sympas bien que nous soyons sur le retour. Il nous emmène même près d’un piège à crocodiles d’eau salée, parce que ceux d’eau douce « ne sont pas dangereux »… !!!

Les gorges.

Les gorges.

Nous sommes de retour au visitor center sur les coups de 17h30, mais celui-ci est déjà fermé. Nous rentrons donc sur Katherine. Sylvain écrase sur la route un serpent rayé jaune et noir d’environ 1 mètre. Nous apprendrons pas la suite que ce dernier est un des serpents typiques du territoire du nord et qu’il est … dangereux ! Ça en fera un de moins…

Le vieux Cessna.

Le vieux Cessna.


Attention, kangourous.

Attention, kangourous.

Nous approchons de la vieille épave de Cessna que nous avions vu à l’aller et nous arrêtons pour faire quelques images. Les deux anglaises qui nous suivaient en voiture s’arrêtent pour nous demander si nous avons un problème. Nous leur faisons signe que non. C’était très gentil de leur part, mais elles auraient peut-être préféré qu’on leur joue le coup de la panne jusqu’au bout… On repart de nouveau. Sur la route, quelques dromadaires en captivité se nourrissent des feuilles d’un arbre. On passe aux abords d’un cimetière où un panneau nous demande de ralentir en cas de funérailles, afin de respecter la cérémonie.

On se gare au Palm Court. Ce soir nous avons une vraie chambre, juste pour nous. Elle est de loin la plus luxueuse des chambres que nous ayons eu jusqu’ici : deux lits, un canapé, une cuisine, un micro-ondes. Tout ça pour 10$ de plus ! On se pose plusieurs minutes. Sylvain opère un ou deux patients sur la DS pendant que Yohann écrit quelques cartes postales. À la télé, on voit un spot expliquant comment traverser une voie ferrée en voiture : look, listen, think, cross. Rien de plus simple pour deux français comme nous, mais apparemment ce n’est pas le cas ici. D’ailleurs on a déjà entendu cette pub à la radio (« ceci est un message de prévention du gouvernement du Territoire du Nord »).

Un gecko.

Un gecko.


Ça nous fait pas mal rire. On reprend la rédaction du blog avant d’être interrompus par la faim. Ce soir nous allons manger au Red Rooster, un restaurant type fast-food basé sur la viande de poulet, fier d’être australien (dixit la publicité). Les hamburgers sont dignes de leur équivalents américains, sauf que c’est du poulet pané à la place des steacks, mais nous saluons l’initiative des rinces doigts dissimulés dans chaque serviette en papier. On décide de terminer ce repas par le maintenant traditionnel Magnum que l’on va cherche à la station service située de l’autre côté de la ville (environ 30 secondes de voiture, sans se presser). La double porte vitrée est à moitié en panne : il y a une affiche sur la porte de droite qui indique qu’elle ne s’ouvre pas et qu’il faut emprunter la porte de gauche: « please use this door » (avec une flèche). Sur la porte de gauche, une affiche vient préciser « this door », au cas où nous n’aurions pas compris. La glace fond très vite, malgré la nuit tombée depuis quelques heures. On rentre se coucher.

Kilométrage 945km.

4 commentaires pour “Katherine et Nitmiluk National Park”

  1. Commentaire de Cyrielle:

    Merci pour les photos des kangourous… mdr

  2. Commentaire de Maman:

    Et bien !! Les aborigènes sur le banc n’ont pas l’air très heureuses d’être prises en photo. En fait leur look, c’est Christian Karembeu sans le ballon. C’est vrai que le petit kangourou et trop mignon et fier d’être pris en photo.
    Certes c’est un peu dommage que les guides ne vous informent pas des sites fermés hors période, mais à part ça les sites ont l’air superbes : sauvages et vierges de toute intervention humaine.
    Le chapeau australien semble bien t’aller Yohann, à quand une photo de face ?

  3. Commentaire de Maman:

    Le lézard est bien gras par rapport aux « anolis » antillais.

  4. Commentaire de Yobe:

    Les aborigènes ne savent pas qu’on les a photographié. On n’ose pas vraiment leur demander de peur de les vexer.