Litchfield National Park
Nuit presque normale, on se réveille à 7h, on prend notre douche et on s’en va chercher la voiture. À 8h05, on est en possession des clés d’une superbe Corolla bleu. Kilométrage 0. Il est temps d’affronter la réalité australienne : ici on conduit à gauche ! Il faut donc déjà monter du bon côté de la voiture. Le levier de vitesses est à gauche, mais c’est une boite automatique donc ça devrait aller. En revanche, le frein à main y est aussi et là c’est plus perturbant.
Évidemment on ne parle pas du rétroviseur central dont on a toujours l’impression qu’il est mal réglé. Le détail qui tue : le clignotant et les essuies-glaces ont inter-changé leur position. Même les commandes de l’autoradio sont inversées. Heureusement pour nous, l’accélération et le frein ne sont pas changés. Bon, il est temps de prendre son courage à deux mains (et le volant aussi) et de démarrer. On sort prudemment du parking et on décide de tourner trois fois à gauche pour retourner au Gecko lodge ce qui sera beaucoup plus simple que de passer par un hypothétique virage à droite. On tourne donc à gauche en mettant l’essuie-glace. On arrête l’essuie-glace, on met le clignotant et on tourne. Tout est extrêmement flippant, on a toujours l’impression de se planter et il faut réfléchir à chaque croisement. Heureusement les australiens doivent avoir l’habitude des touristes comme nous car tout est fait pour nous rappeler qu’ici on roule à gauche : des panneaux keep left à chaque intersection, des flèches dans les ronds-points (et oui les ronds-points tournent dans l’autre sens aussi), et si on se plante sur l’autoroute, d’énormes panneaux wrong way, go back nous rappellent que ce n’est pas bien ce que l’on fait.
Retour au Gecko Lodge, quelques pancakes de C’C’, on discute avec un jeune hollandais qui est depuis 5 mois ici (un backpacker comme on les appelle). Ah oui au fait, avant on disait « en Australie » maintenant on dit « ici »… À notre table, des danois ensommeillés viennent d’arriver de Singapour. Un dernier petit verre avant de prendre la route quand tout d’un coup, sans crier gare (non non, il n’a pas crié), le verre de Sylvain se casse. Bon, ça doit être typiquement australien. On charge la voiture et en route pour Litchfield National Park.
On s’arrête à la sortie de Darwin pour acheter de quoi se faire des sandwichs, et surtout de quoi boire. On pense aussi s’acheter des fruits, on voit des pommes dans un frigo mais elles sont toutes petites, et lorsqu’on voit le prix, on se rappelle qu’ici, ce sont des fruits exotiques… On se rabat sur des mangues… En sortant, on photographie un autocollant qui nous amuse sur une vitre arrière de voiture, ce qui nous permet d’engager la conversation avec le propriétaire du véhicule, inquiet de voir des gens s’intéresser à celui-ci.
C’est parti. On s’engage sur la Stuart Highway, et les premiers panneaux nous indiquent Alice Springs à 1 462 km (pour info, on ira plus loin qu’Alice Springs). On croise les premiers road trains, qui filent bon train. On a pu voir aujourd’hui jusqu’à 4 remorques derrière une cabine.
Les routes sont en bon état, mais étroites. En fait, elles ne sont pas plus étroites que chez nous mais imaginez que le bas côté n’est pas goudronné et que la route s’arrête à la ligne blanche qui est sur le côté. Au début, on serre trop à gauche, et on mord immanquablement le bas côté, ce qui nous fait de petites frayeurs. La signalisation n’est pas mal faite. Notamment, 150 mètres avant un feu de grands panneaux Prepare to stop s’éclairent si le feu va passer au rouge. Autrement dit, quand on passe ces panneaux et qu’ils ne sont pas allumés, on est tranquille, on aura le feu au vert. Il existe également à la sortie de la ville un grand panneau indiquant les risques d’incendies… qui sont Low en cette saison des pluies. Enfin, une route de la taille d’une nationale non dédoublée chez nous, est typiquement limitée à 130 km/h !!!!
Première étape à la sortie de Darwin : la ferme aux crocodiles. On commence par en voir d’assez petits (1 m de long) mais ils sont difficiles à apercevoir. Seuls les yeux et les narines dépassent de l’eau. Cela étant, dans d’autres enclos, il y en a de plus gros, qui parfois font la sieste. Le plus gros doit faire dans les 3 mètres. Les crocodiles nous regardent sans jamais réagir, à part cligner de l’œil. Ils sont extrêmement léthargiques. Ils sont nourris en public une fois par jour à 14h. Nous n’aurons pas le temps de rester et de voir ça, tout ce qu’on apprend, c’est que c’est Maurice qui sera nourri aujourd’hui. Nous sommes seuls dans le parc, la saison étant très peu touristique. On voit également une nurserie où des centaines de petits bébés s’entassent. La ferme n’est pas là que pour faire du spectacle. Elle est là notamment pour récupérer les crocodiles qui se sont égarés en ville. Elle vit aussi du commerce des peaux. Les pensionnaires sont donc régulièrement abattus.
On repart, et une centaine de kilomètres plus loin on arrive à Litchfield. Premier contact local : les floodways. Ce sont des endroits où les routes peuvent être coupées en cas de fortes pluies. Il y a même des jauges qui permettent de connaitre la profondeur d’eau. Deuxième contact local : les termitières géantes, spécialité de Litchfield (même si on en verra pas la suite ailleurs). Il y en a partout, disséminées dans la jungle alentours. La jungle ici n’est pas telle qu’on peut l’imaginer, elle ressemble plus à l’image qu’on pourrait avoir de la Birmanie ou de pays asiatiques. Certains endroits font penser à Indiana Jones avec de gros rochers. La jungle est clairsemée, le sol est recouvert de hautes herbes, de nombreux arbres dépassent, entre lesquels des palmiers de 1 à 2 mètre poussent. L’ensemble est très vert, et les herbes hautes sont d’un joli vert tendre. L’ambiance sonore colle à l’ambiance des films, sans les macaques. On entends des bruits d’oiseaux partout. Parfois on les voit. Ils sont colorés, jaune, rose, bleu. D’ailleurs une sorte de perroquet a traversé la route devant la voiture et on a manqué de le tuer. Pour revenir aux termitières, se sont des grandes constructions qui peuvent dépasser les 5 m dans lesquelles vivent des colonies de termites. La plupart font environ 2 m et elles disposent d’un ingénieux système d’aération pour ventiler la colonie. On visite d’ailleurs un champ de termitière appelé les magnetic termite pounds qui sont toutes orientées de la même manière par rapport au Soleil. On est allé frapper sur une d’entre elle, mais ce sont des fourmis qui ont répondu. Cette termitière avait cinquante ans.
On enchaîne ensuite sur les Buley Rockholes, des sortes de bassins naturels entourés de petites cascades dans lesquelles des gens se baignent. Il faut dire que la température de l’eau est agréable et que les crocodiles ne viennent pas à cet endroit. On continue avec les Florence Falls, des sympathiques chutes d’eau, au pied desquelles on peut se baigner. Les australiens sont prudents : il y a une bouée de sauvetage à côté du plan d’eau. Globalement on est peu nombreux, les parkings sont vides à par aux endroits où on peut se baigner. On va ensuite aux Tolmer Falls, une grande chute d’eau que l’on observe depuis une plateforme qui domine également une forêt à perte de vue. On termine notre visite de Litchfield par les chutes de Wangi (prononcez Ouangaille), splendides, mais malheureusement on ne peut pas s’approcher à cause des crocodiles. Le site est néanmoins très bien aménagé et un sentier en bois (à 80 cm du sol) assorti de plateformes nous conduit au plus près en toute sécurité … quoique … on s’est fait une grosse frayeur car en continuant sur ce sentier on est rentré dans une jungle un peu plus dense et on est tombé nez à nez avec deux énormes araignées jaune et noire de quinze à vingt centimètres. Sur le coup ça fait peur, mais on prend quand même quelques photos et on fait demi-tour.
On va boire un coup au troquet local : un comptoir en bois sous un hangar en taule. On est accueilli par une sorte de père noël transpirant habillé en ranger, fort sympathique au demeurrant. Renseignements pris, l’araignée est un golden orb weaver, notre mésaventure le fait rire car elle n’est pas dangereuse mais il comprend nos émotions. On boit un coca frais sous une « petite » pluie tropicale selon son expression. C’était la dernière étape de Litchfield, dont les paysages d’eau et de pierre nous ont fait globalement penser à Zion dans l’Utah. On repart, au passage on prend une photo d’une espèce de palmier dont les fruits ressemblent à des ballons de foot, et on aperçoit nos premiers kangourous qui traversent juste devant nous. On nous avait prévenu qu’on en croiserait beaucoup et que c’était un gros danger ici. On nous conseille même de ne pas rouler la nuit. D’ailleurs, pratiquement tous les véhicules que l’on croise sont équipés d’énormes pare-buffles.
On reprend la voiture. On croise beaucoup de road trains mais curieusement aucun ne roule dans notre sens. On fait route sous la pluie et on arrive à notre destination finale pour ce jour : Pine Creek et son motel des mineurs. Le village est tout petit et on se croirait en plein far west. L’accueil du motel est l’unique bar de la ville où se retrouvent donc tous les cowboys du coin : on est dans un film et on nous l’a pas dit. La grosse dame du comptoir nous donne une chambre. On décharge nos bagages tout en étant survolés par d’énormes chauves-souris. On s’allonge, c’est les oscars à la télé. On regarde nos photos, on écrit le blog et on se couche.
Compteur kilométrique :408 km.
mercredi, 28 février 2007 à 21h39
Tiens ils roulent à gauche mais ont adopté le système métrique !
Vraiment super intéressant à lire vos articles, c’est un peu comme un feuilleton dont on a hâte de connaître la suite. Mais bon … grr … on a envie d’y être aussi. Même les petits crocodiles, je les trouve mignons (enfin ! sur la photo).